MARCHÉ

Meta abandonne le fact-checking : un virage politique vers un nouvel écosystème pour les marques ? 🔍

Océane Poénou
4 fev. 2025

Impossible de passer à côté de la nouvelle : Meta abandonne son programme de fact-checking. Une décision qui secoue les réseaux sociaux et pose des questions essentielles pour les marques.

 

Le fact-checking chez Meta : Comment ça marche ?

Le programme de fact-checking de Meta, lancé en 2016, implique 80 organisations certifiées par le Réseau international de vérification des faits (IFCN) et travaille en plus de 60 langues. Ces organisations vérifient les informations et sont rémunérées pour chaque article de vérification. Si des contenus sont jugés faux, leur diffusion est réduite et des étiquettes avertissent les utilisateurs. En France, l’AFP participe à ce programme en publiant des articles de vérification sur un site dédié et en accès gratuit : AFP Factuel.

  

Est-il vraiment efficace ?

Les données indiquent que les efforts de fact-checking ont eu un impact significatif. Entre les élections présidentielles de 2016 et 2020, la proportion de visites sur des sites de désinformation via Facebook a chuté de près de deux tiers, passant de 15,8 % à 5,6 %.

👉 Meta affirme que 95 % de ses utilisateurs ne cliquent pas sur des publications marquées comme fausses, ce qui suggère que le programme était plutôt efficace.

D’après un rapport de Meta, les fact-checkeurs commettent seulement 0,02% d’erreurs, contre un taux d’erreur de 2,7% pour les publications supprimées par Meta pour non-respect des règles.

🔎 Oui, le fact-checking est efficace mais au-delà de ce dernier, on se rend compte que c’est la réduction des efforts de modération interne chez Meta qui pourrait rendre l’environnement de ses plateformes plus dangereux. Moins de surveillance sur des contenus sensibles pourrait entraîner une prolifération de messages extrémistes, violents ou discriminants.

  

Une décision politique ?

Ces dernières années, Meta a été critiquée par les républicains pour soutenir des discours progressistes. Pourtant, depuis l’élection de Trump, l’entreprise semble s’aligner sur une vision plus conservatrice. Zuckerberg multiplie les décisions en ce sens, comme avec l’annonce du transfert des équipes en charge des contenus sensibles et de la sécurité de Californie, État progressiste, vers le Texas, un État plus aligné politiquement avec ses nouvelles positions.

🇺🇸 De plus, des proches de Trump, comme Dana White (patron de l’UFC - Ultimate Fighting Championship), rejoignent le conseil d’administration de Meta.

L’entreprise fait également marche arrière sur sa politique de 2021 en redonnant davantage de visibilité aux contenus politiques et en offrant plus de contrôle aux utilisateurs sur ce qu’ils voient sur Facebook, Instagram et Threads.

  

Vers une ressemblance inquiétante avec X ?

L’abandon du fact-checking au profit d’un système de “notes de la communauté”, où les utilisateurs évaluent eux-mêmes la véracité des contenus, rappelle fortement le modèle déjà adopté par X (ex-Twitter) sous la direction d’Elon Musk.

Mais cette ressemblance grandissante avec X soulève des controverses. Depuis fin 2023, le manque de modération sur X a poussé de nombreux utilisateurs et médias, comme The GuardianLe Monde et Le Nouvel Obs, à quitter la plateforme pour des alternatives telles que Bluesky.

   


🌐 Bluesky : la nouvelle étoile montante ?

Bluesky, lancé en février 2023 et financé par Jack Dorsey, l’ex-patron de Twitter, peinait à se faire une place hors des États-Unis, mais connaît aujourd’hui une ascension remarquable.

Avec 22,7 millions de comptes fin novembre 2024 (contre 1,6 million en octobre 2023), Bluesky rivalise désormais avec Threads de Meta. Selon Similarweb, le 13 novembre 2024, les deux plateformes ont atteint près de 6 millions de visites mondiales chacune.


  

Brand safety : une préoccupation croissante

La fin du fact-checking soulève un défi majeur pour les marques : la gestion de leur brand safety.

Une modération allégée augmente le risque de voir leurs publicités apparaître à côté de contenus controversés, ce qui pourrait nuire à leur intégrité et réputation.

 

Quelles sont les opportunités pour les marques ?

Bien que cette évolution soulève des inquiétudes, elle ouvre aussi des portes pour les marques qui sauront naviguer dans ce nouveau paysage.

👉 Harmonisation des politiques de modération

Pour les marques présentes sur plusieurs réseaux sociaux, l’harmonisation des politiques de modération pourrait simplifier la gestion des campagnes publicitaires et éviter des conflits de conformité.

👉 Renforcer l’engagement des utilisateurs

Avec un rôle actif dans l’évaluation des contenus, les communautés pourraient se sentir davantage impliquées, favorisant des interactions plus authentiques entre marques et audiences.

👉 Se différencier par la qualité

Dans un environnement où la modération est allégée, les entreprises qui maintiennent des standards élevés peuvent se démarquer. Cela pourrait renforcer leur réputation et fidéliser une audience exigeante.

👉 Anticiper et explorer d’autres plateformes

Les marques peuvent dès maintenant diversifier leur présence en explorant des alternatives comme Bluesky ou d’autres réseaux émergents qui privilégient un environnement plus sécurisé.

  

Pour l’instant, cette décision ne concerne que les États-Unis, mais il est probable qu’elle influence bientôt les pratiques à l’international. 🇪🇺 En Europe, des régulations comme le Digital Services Act (DSA) continueront de garantir un minimum de modération. Mais les marques doivent se préparer à ce que ces évolutions changent la donne sur les réseaux sociaux à l’échelle mondiale.

▶️ Vous êtes maintenant prêts à tirer parti des nouvelles opportunités que cette situation pourrait offrir.

Inscrivez-vous pour toujours rester informé !